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Patrimoine,

L'Architecture Religieuse...

​L'église paroissiale

 

Texte extrait de l'ouvrage de Pierre A. Clément, « Églises romanes oubliées du Bas-Languedoc »​​​​​​​​​​​ (Presses du Languedoc, Montpellier, 1993).​​​​​​​​​​​


L'église Saint-Jean a été entièrement reconstruite vers le milieu du 12e siècle, en plusieurs campagnes.

La première a vu l'édification de l'abside caractérisée par un très riche décor. Trois festons d'arcatures sont tendus entre de minces lésènes. Ces arcatures sont constituées d'un petit claveau médian et de deux claveaux allongés qui retombent séparément sur des modillons classiques. L'arrondi des claveaux et des écoinçons témoigne du savoir-faire des tailleurs de pierre.

Cette maîtrise se confirme dans la double crémaillère dont les dents sont excisées à même les moellons. Les dents de la rangée inférieure sont plus longues vers la droite et celles de la rangée supérieure sont plus longues vers la gauche. Cette disposition permet d'accrocher artistiquement les rayons du soleil en accentuant tantôt les zones d'ombre, tantôt les zones de lumière. Une note complémentaire est apportée par le tore qui sépare les deux cordons de dents d'engrenage.

Chacun des trois panneaux, délimité par les lésènes, est percé d'une large fenêtre à double ressaut.

A l'intérieur, l'encadrement de ces baies est particulièrement soigné, comme le montre le cordon à dents d'engrenage sculptées, intercalé entre les arcs à double rouleau des baies latérales. De plus, le ressaut de ces trois fenêtres est orné d'un tore qui s'appuie sur de fines colonnettes dont les chapiteaux sont décorés de feuillages recherchés.

Les festons de six arcatures qui règnent à l'extérieur, en haut des murs de la travée de chœur, sont d'une date et d'une facture différentes de celles de l'abside. Chaque arcature est excisée dans un bloc rectangulaire. Cette décoration caractérise les églises du diocèse de Maguelone construites après 1150.

La nef a été bâtie pendant une troisième campagne. A l'extérieur, elle se singularise par un surprenant portail qui s'ouvre sur la façade. Le détail le plus frappant est que son archivolte n'est pas extradossée. Cette particularité, dans laquelle Victor Lasalle a vu une réminiscence de l'art antique, est très rare sur la rive droite du Rhône, bien que le Pont du Gard ait servi de modèle.

Les deux ressauts du portail sont ornés d'un tore et de sveltes colonnettes. Les quatre chapiteaux cylindriques offrent chacun le même décor. Des feuilles d'acanthe habilement ciselées se retournent aux angles en élégantes crossettes. Elles enveloppent, sur les deux faces, un cartouche dont le pourtour est ponctué de trous de trépan. Dans ce cadre, le sculpteur a gravé une croix dont la traverse légèrement oblique porte, à chaque extrémité, une fleur de lys.

A l'intérieur, l'arc triomphal et l'arc doubleau ont disparu lors d'une réfection de la voûte. Il ne reste plus que les colonnes aux bases dissymétriques séparant les deux travées. Leurs chapiteaux sont ornés d'une double rangée de feuillages.

Le grès permien qui a été utilisé pour les parements étant d'origine locale, il sera relativement facile de restituer l'église dans son plan primitif après avoir rasé les deux chapelles qui la déséquilibrent, esthétiquement parlant. Dans l'immédiat, il faudra dégager les abords de l'abside, pour la plus grande joie des photographes d'art.

Code Inventaire :  BATSTJE0097
DESIGNATION : 
Dénomination :  église
Précisions sur la dénomination :  paroissiale
Vocable :  Saint-Jean-Baptiste
LOCALISATION : 
   Languedoc-Roussillon ; 34 ; Lodève
Commune :  Saint-Jean-de-la-Blaquière
Implantation,lieu dit, adresse :  en village ; Place de l'Eglise
Cadastre :  1950 D1 0100
HISTORIQUE : 
Epoques principales de construction :  12e siècle ; 17e siècle ; 18e siècle
Historique :  Sous le nom primitif de « pluias », le lieu de Saint-Jean est mentionné dès l’an 804 par le cartulaire de Gellone. C’était un domaine important, qui fut échangé, en 942, contre Soubès, par un acte citant l’église pour la première fois l’église (selon Plantavit). Celle-ci est mentionnée avec le titre de paroisse au cours des 11e et 12e siècles. En 1410, le pape Alexandre V unit l’église à la mense épiscopale, contre l’institution d’une vicairie perpétuelle, réalisée en 1431, grâce à l’évêque Pierre VII de la Treille. Sur la construction de l’édifice, les documents n’apportent aucun renseignement direct ; la partie la plus ancienne est certainement postérieure de beaucoup aux premières dates citées ; cette partie, c’est à dire l’abside décorée d’arcatures, est d’un type évolué qui ne peut être considéré comme antérieure à 1100 environ. Entre le choeur et le mur du fond, des différences évidentes de style et d’appareil indiquent des campagnes successives, coupées d’interruptions, qui peuvent expliquer les légers décalages de l’axe antéro-postérieur. Au total, la construction a pu s’étaler sur une cinquantaine d’années. Parmi les remaniements plus récents qui ont respecté intégralement l’abside, le choeur, et leurs décors sculptés, on doit citer la réfection de la voûte de la nef, avec disparition des arcs-doubleaux (réfection probablement postérieure aux guerres de religion) ; l’addition récente de deux chapelles latérales ; la transformation d’un ancien portail latéral en fonts baptismaux. On peut considérer la porte comme datant d’environ 1150 ; l’abside remonterait aux environs de 1125.
DESCRIPTION : 
Murs :  grès permien ; pierre de taille ;
Encadrement :  grès ; pierre de taille ; enduit blanc
Matériaux de couverture :  tuile creuse
Parti de plan :  plan allongé
Nombre de vaisseaux et étages :  vaisseau
Type et nature de couvrement :  voûte en berceau plein cintre ; cul de four ; voûte d'arêtes
Couverture, forme du toit :  toit à long pans ; croupe
Description :  Service de l'inventaire : Eglise à une nef, complétée, à une époque récente, par deux chapelles latérales ; abside demi-circulaire. Dimensions principales : longueur totale extérieure : 20,30 m ; largeur totale extérieure, chapelles comprises : 15 m ; largeur totale non comprises : 7 ,80 m ; largeur de la nef dans oeuvre : 5,73 m au milieu ; 5,58 m au fond ; largeur de la travée du choeur dans oeuvre 5,59 m ; ouverture du sanctuaire : 5,17 m ; longueur intérieure du sanctuaire : 2,60 m. Abside et choeur : cette partie de l’édifice est soigneusement appareillée, avec parements bien dressés ; l’appareil est moyen, rarement petit avec quelques échantillons en délit. Les arcatures décoratives de l’abside reposent, par trois séries de cinq, sur des lésennes peu saillantes, bien liées aux murs adjacents. Il existe deux lésennes intermédiaires, également espacées, et deux au contact du chÅ“ur ; les autres supports des arcs sont de simples corbeaux cubiques, antérieurs biseautés ; à l’exception toutefois du corbeau situé dans l’axe antéro-postérieur (corbeau orné d’une tête sculptée). Ces arcs sont constitués par des claveaux indépendants, de faible hauteur, mais assez longs ; ils supportent une double frise en dents de crémaillère ; les dents de rangée inférieures obliquent à droite, et celles du haut à gauche ; les deux rangées sont séparées par un boudin. Ce décor se continue aux parois latérales du chÅ“ur, mais de nature différente. Les arcs quintuples sont remplacés ici par six baies aveugles ; le demi-cercle de l’arc est constitué par un seul claveau bien taillé (avec ou sans écoinçons distincts) ; la frise double est en dents d’engrenage. Les trois fenêtres absidiales, en plein cintre, à double et large ébrasement, sont décorées intérieurement de colonnettes à chapiteaux de feuillage, portant un boudin ; l’archivolte est décorée de dents d’engrenage, hautes et de peu de relief ; l’intérieur est très sombre. Nef : à l’intérieur, la travée du choeur occupe une longueur de 4 m ; il n’existe pas d’arc triomphal, ou bien celui-ci a disparu lors d’une réfection de la voûte ; mais la fin de la travée du choeur est marquée par un léger décalage, la largeur passe de 5,59 m à 5,73 m. A 6,40 m plus à l’ouest, des piliers marquent encore la séparation de la travée suivante, qui est légèrement décalée vers le sud, par une surépaisseur du mur du nord, ramenant la largeur à 5,58 m. Tout au fond, la tribune, qui occupe une longueur de 2,97m est supportée par une voûte en berceau à pénétrations. Dans la nef, la seule partie romane encore visible est constituée par les deux piliers demi-circulaires, dont l’arc doubleau a disparu ; les chapiteaux en sont ornés de feuillages, alternant sur deux rangées ; la sculpture est fruste, et les tailloirs manquent. Au sud, les fonts baptismaux occupent l’emplacement d’une ancienne porte latérale, dont on peut voir, de l’extérieur, l’arc en plein cintre, muré ; à cet endroit, le mur présente une épaisseur plus grande. Les deux chapelles sont récentes, mais non contemporaines ; celle du nord est voûtée d’arêtes, celle du sud couverte d’un berceau transversal ; leurs arcades ne sont pas en vis-à-vis. Portail occidental : Placé dans l’axe du mur de fond, il mesure 1,43 m d’ouverture, avec deux ressauts garnis de colonnettes, et larges le premier de 1,98 m, le second de 2,83 m. Ces colonnettes se prolongent sous l’arc en plein cintre par des tores de même section ; les chapiteaux sont sculptés de feuillages à crochets d’angles et de palmettes ; ménageant sur chaque face un cartouche orné d’une croix ancrée ; le pourtour de ces cartouches est souligné par des trous au trépan. Le sol ayant été exhaussé, les bases des colonnettes ne sont pas visibles, à l’exception d’un tore à la colonnette de droite. Les fûts des colonnettes mesurent 1,80 m (en deux pièces) ; la hauteur sous l’arc de la porte est de 2,90 m. Les ressauts mesurent, de l’extérieur vers l’intérieur, 0,33 m et 0,21 m ; leur largeur est de 0,38 m et 0,33 m. Le diamètre des colonnettes est de 0,19 m.
Etat de conservation :  restauré
SITUATION JURIDIQUE : 
Nature de la protection MH :  inscrit MH partiellement
Date de la protection MH :  12 février 1951
Nature de l'acte de protection :  arrêté
Eléments protégés MH :  l'église à l'exception des chapelles latérales
Intérêt de l’œuvre :  à signaler
Statut de la propriété :  Propriété de la commune
Ouverture au public :  oui

La paroisse visitée par les évêques de Lodève​


Les Archives départementales de l’Hérault conservent les procès-verbaux de visites pastorales effectuées par les évêques de Lodève dans les paroisses du diocèse :

-Plantavit de la Pause en 1631 (copie Lugagne, 1873).

-François Bosquet en 1649-52, Roger de Harlay en 1659.

-Jean-Georges de Souillac en 1734-36 et en 1739.

En voici des extraits, concernant Saint-Jean de la Blaquière.

​

L’église Saint Jean Baptiste​


PLANTAVIT
200 communiants,et 26 familles huguenotes.
« L’église St-Jean de Pléaux, autrement de la Blaquière, est dédiée à St-Jean Baptiste, et se célèbre la fête le jour de la décollation. Elle est priorale, et a été unie à l’évêché. »
« L’église est réparée de neuf des 300 livres données par feu M. de Ventadour et de pareille somme que ladite communauté a baillée pour la manœuvre et chariage des matériaux. »
Chapelle à construire dans l’église, « au-dessous du clocher et du côté de l’entrée », par Noble Pierre de Forez, Sieur de Tréguiers, « désirant icelui qu’elle lui serve de sépulture comme déjà son défunt père et autres de sa famille y sont enterrés. »

 

BOSQUET
« L’église n’est point pavée, elle est bien voûtée, les fenêtres ne sont point vitrées, [il n’y a pas de cloche], le vicaire étant obligé pour avertir les paroissiens de [faire faire] le tour du village avec une petite clochette. »

 

HARLAY
Maître-autel : Un grand tableau avec cadre (J.C. en croix, N.D., S. Jean et la fille d’Hérodias)
Autre autel (côté Evangile) : Dans la nef, un petit autel dans la muraille, sans ornement, que le Sieur Triguiez (il reçoit l’évêque chez lui à l’occasion de cette « Visite pastorale ») a promis de faire accommoder et orner.
Chapelle des Six mille Vierges : « que nous avons donnée à Maître Pierre Lassale, notre promoteur »
Chapelle de Saint-Blaise : « que nous avons donnée à Denys Chevalier, notre aumônier »
Clocher : Il menace ruine, et n’a pas de cloche.

 

SOUILLAC (1)
Eglise de la décollation de Saint-Jean-Baptiste. – Environ 230 communiants.
« Eglise voûtée, a besoin de blanchir, de crépir, et de fermer les fentes qui sont au fond de l’église. De vitrer et de paver en certains endroits. Le fond de l’église mal couvert. »
Maître autel : « Un mauvais tableau très usé, enchâssé dans un cadre de bois » (Christ entre Vierge et autre sainte, et St Jean Baptiste).
Sacristie : « Une petite sacristie, la fenêtre sans vitre. »
Trois chapelles : « Une chapelle du côté de l’épître, appartenant au Sieur Géraud, dépouillée de tout. Il lui a été ordonné de rapporter son titre. Deux autres du côté de l’Evangile, aussi dépouillées de tout, dont l’une appartient à un habitant du lieu à qui il a été ordonné de rapporter son titre, et l’autre à M. de Tréguies. »
Clocher : escalier très rude, dont la muraille a besoin de crépir et la tribune de paver. ‑ Cloche : une cloche assez bonne, la corde fort mauvaise.

 

SOUILLAC (2)
Eglise paroissiale.
Maître-autel : tableau (Christ entre « deux saintes » et saint Jean Baptiste) : « les couleurs du dit tableau sont presque effacées. »
Chapelle du côté de l’épître, appartenant au sieur Géraud, habitant du lieu qui ne nous a pas montré son titre. La dite chapelle manquant de tout.
Deux autres chapelles du côté de l’évangile, aussi manquant de tout ; la première en entrant dans l’église appartient à un habitant du lieu à qui nous avons ordonné de rapporter son titre ; et l’autre à M. de Tréguier, seigneur (…) du dit lieu.
Eglise mal pavée, fenêtre sans vitre et trop petite, plusieurs fentes au mur du fond, les murailles ayant besoin d’être blanchies ; et celle qui est du côté du cimetière a besoin d’être recrépie par le dehors. La fenêtre du chœur manque de 3 ou 4 carreaux de vitre.
Petite sacristie mal crépie, mal pavée, très mal en état.
Clocher mal en état : escalier très rude ; muraille a besoin d’être recrépie.
Tribune très mal pavée.
1 cloche en état à l’exception de la corde.

 

LA MAISON CLAUSTRALE​

​
HARLAY
Maison claustrale : Joignant le cimetière.

 

SOUILLAC (1)
Maison presbytérale : Très mal en état. L’escalier très mauvais et très dangereux, la dite maison menaçant ruine, les fenêtres sans contrevents.

SOUILLAC (2)
Maison presbytérale : très mal en état et insuffisante : la plupart des fenêtres sans contrevents et sans vitres, l’escalier très mauvais et menaçant ruine, et ni écurie, ni grenier à foin.

LE CIMETIERE​
PLANTAVIT
« Environne l’église et n’est point clos tout à fait. Sera ordonné qu’il le sera par les habitants, et d’autant que nous avons trouvé que ceux de la religion prétendue réformée se servent de partie d’icelui cimetière pour la sépulture de leurs morts. Inhibition et défense seront faites audit vicaire de consentir qu’ils y enterrent ci-après. Et sera ordonné que les officiers consuls et habitants Sourcescatholiques lui prêteront main forte en cas de contravention, à la charge toutefois que les consuls seront tenus de leur ordonner quelque morceau de terre, hors le lieu, qui leur soit propre et convenable, pour leur servir de sépulture. »

 

HARLAY
Cimetière : Joignant l’église

 

SOUILLAC (1)
Cimetière : en état. Manque d’une croix.

 

SOUILLAC (2)
« Cimetière contigu à l’église : bien fermé par des bonnes murailles de 7 à 8 pans de hauteur, et par une porte du côté de la maison presbytérale pour l’usage de M. de curé quand il voudra aller à l’église. »

 

LA MASURE ou CHAPELLE DE SAINTE-PAULINE​

​
PLANTAVIT

« Y a sur le chemin de St-Jean, à Salèles, une masure ou chapelle nommée Ste Pauline, sans qu’on nous ait pu donner aucune connaissance des rentes d’icelle. Sera ordonné que ledit vicaire fera ses diligences d’en apprendre quelque chose pour nous en informer par après. »

 

HARLAY
« Champêtre, qui a été unie à notre manse. »

 

LE FOUR​

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PLANTAVIT
« Le four bannier est possédé par le sieur de Tréguiers, par inféodation qui lui en a été faite par feu Messire Christophe de Lestang, notre prédécesseur, sous la charge une paire de perdrix d’usage. »
[Voir plan cadastral de 1780 : four banal situé sur la parcelle n°89, possédé par M. de Tréguier].

 

 

Zone de protection au titre de monument historique​​​​​​​​​​​​​​​​​​​.
L’église paroissiale de Saint-Jean de la Blaquière est inscrite M. H.,
à l’exception des chapelles latérales, par arrêté du 12 février 1951.
« Est réputé être situé en abords de monument historique tout immeuble situé dans le champ de visibilité de celui-ci (visible de celui-ci ou visible en même temps que lui, ce dans un périmètre n’excédant pas 500 m). – Article 1er modifié de la loi de 1913. »

« Toute construction, restauration, destruction projetée dans ce champ de visibilité doit obtenir l’accord préalable de l’architecte des bâtiments de France (avis conforme). » Voir : Annexes (Fiche pratique n°10)

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