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Patrimoine,

L'architecture civile...

La première mention de Saint-Jean date d'avant l'an mille. Elle nous est connue par la transmission qu'en a faite, au 17e siècle, l'évêque lodévois Plantavit de la Pause : en 942, Thierri, prélat de Lodève, échangea le village de Soubès contre « l'église de Saint-Jean de Plenis ». C'est dire l'importance qu'avait Saint-Jean, cette « église » valant un village. Le chef du diocèse en deviendra le seigneur et le restera jusqu'à la Révolution, tout en laissant, sur place, une famille noble occuper le château et veiller à l'entretien d'une fortification.

 

Au moyen âge, l'appellation de la paroisse était de " Saint-Jean-des-Plaux ". Hébrard (Un diocèse languedocien : Lodève..., 1975, p. 47), et Combarnous (Index [du] cartulaire de Gellone, 1975, p. 73), n'hésitent pas à voir dans " Plaux " le terme occitan signifiant " plans ", c'est-à-dire les plaines. Paul Fabre (Noms de lieux du Languedoc, 1995, p. 142), en cite d'autres emplois toponymiques : on trouve Plos dans l'Hérault (Nizas) ou le Gard (Saint-Jean-du Pin, Blandas), de même que Plans.
Il convient cependant de considérer que, d'une transcription à l'autre, la graphie de ce nom a connu quelques variations : Pleus, Pleuis, Plevis, Plenis, etc. De même faut-il noter que les mentions du 10e siècle nous sont parvenues par des copies du 17e siècle. Pour cette raison, une interprétation pourrait être recherchée en rapprochant ces variations de celles qui existent, en langue d'oc, pour désigner la pluie, et pour dire qu'il pleut ou qu'il doit pleuvoir : plòu, plot, plèu, plove, etc. (Mistral, Trésor du félibrige, t. 2, p. 597). Cela formerait l'hypothèse que la paroisse de Saint-Jean se serait distinguée comme lieu de culte pour obtenir la pluie.
Hamlin (Les noms de lieux du département de l'Hérault, 1983) ouvre, quant à lui, une troisième piste en affirmant que le nom de Plaux provient du " latin plebes, pluriel de plebs, terme dont le sens est passé de peuplade à celui de communauté, et s'est répandu pour désigner des églises baptismales créées à l'époque carolingienne. " Cet auteur ajoute qu'au 18e siècle, le même déterminant servait aussi au village voisin d'Usclas-de-Plaux.

A partir du 14e siècle commence à s'imposer le nom de Blaquière, d'abord sous la forme " alias de Blacisria " (Acte de 1331, cité par Alzieu, 1998). Le mot occitan blacairà, désigne un terrain où poussent des chênes blancs, blacas (Alibert, Dictionnaire occitan-français, 1966, p. 160). L'écorce de ces arbres servait aux " blanquiés " pour tanner les cuirs.
A la Révolution, Saint-Jean de la Blaquière fut appelé seulement La Blaquière, et devint chef-lieu d'un canton qui comprenait aussi le Bosc, Saint-Privat, Soumont, et Usclas. Thomas (Dictionnaire topographique, 1865) précise que " ce canton ayant été supprimé par arrêté des consuls du 3 brumaire an X, toutes ces communes passèrent alors dans le canton de Lodève ".

 

Le centre ancien de Saint-Jean de la Blaquière semble appartenir à la catégorie des villages formés dans un enclos quasi circulaire. Ce modèle se rattache à la coutume, instituée par le christianisme, d'établissement d'une aire sacrée dans un rayon de trente pas à partir des murs d'une église. Les habitations construites dans cet espace s'y trouvaient ainsi protégées.
Bien que, d'une part, cette mesure des trente pas s'avère approximative, et que d'autre part l'église ne figure pas toujours le centre exact du cercle, il n'en demeure pas moins vrai que la morphologie d'un village de ce type est caractéristique (cf. Baudreu, dans "Morphogenèse du village médiéval, 1996, pp. 189-203).
Cette interprétation, plaçant l'église comme élément constitutif de l'agglomération, se trouve suggérée dans l'acte de 942, par lequel l'évêque Thierri échange " le village de Soubès " contre " l'église de Saint-Jean ". De même, en 988, c'est " l'église de Saint-Jean " que cite le testament de l'évêque Fulcran, lui attachant la possession de six mas et de la forêt de la Marguerite, sans mentionner l'existence d'un " castrum ".
Le château se serait donc établi dans un second temps (au 14ème siècle, ou plus tôt selon une autre estimation), sur la bordure du village primitif, en un lieu significatif de la problématique seigneuriale : entre le village et le petit cours d'eau de la Marguerite.

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